Posté le 16/03/2014 à 19:33 puis édité
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Bonjour,
je me permettrai quelques remarques histoire de vous retranscrire une partie de l'état d'esprit des vétérinaires en France.
Vous avez peut-être entendu parler il y a quelques jours de la manifestation des étudiants en dentaire qui ont demandé la fermeture effective (la loi est avec eux, mais non appliquée) d'écoles Espagnoles et Portugaises ayant installé des antennes en France pour délivrer un diplôme payant, mais reconnu en France par le jeu des équivalences entre les diplômes de l'Union Européenne.
Des étudiants interrogés disaient en substance "nous on se tape la sélection et certains sortent le chéquier et revendiquent le même diplôme que le nôtre".
Et la ministre leur a donné raison et ces écoles devraient être fermées et une réflexion va s'instaurer pour justement éviter que des Français recherchant la facilité ne partent en Union Européenne pour s'acheter un diplôme avec l'objectif de travailler en France.
Pour le moment, ces réflexions existent dans le domaine vétérinaire, les étudiants Français ont déjà soulevé le problème plusieurs fois ces dernières années (notamment pour les cursus Espagnols, Roumains et Italiens, le cursus Belge étant la proie de discussions sans fin, mais il semblerait que les acteurs du monde vétérinaire en France soient résignés). Pour le moment, ce n'est pas aussi avancé qu'en dentaire, mais à force de soulever le problème, il finira bien par être réglé un jour. Et ce d'autant plus que l'écart de formation est très net.
Méfiez-vous donc : vous comptez partir pour vous inscrire dans une école qui aujourd'hui vous dit "oui mon diplôme est reconnu en France" mais qui ne peut pas vous le garantir pour demain.
Le second point, je vais passer vite parce que je n'ai pas le courage de polémiquer aujourd'hui. Il concerne le niveau de formation.
On a vu ici des étudiants de Roumanie nous louer la formation Roumaine et nous raconter ensuite que finalement, la formation pratique était plus que limite.
J'ai eu l'occasion de discuter avec d'anciens étudiants Espagnols qui racontaient qu'ils avaient mis à peu près 1,5 à 2 ans en sortant de l'école pour acquérir le niveau pratique que les étudiants en France ont en sortant de l'école. (Sachant que ces étudiants ont... 2 ans de pratique en école.)
J'ai eu l'occasion de voir à l'oeuvre il y a quelques années une jeune véto sortie de Liège, mettant plus d'une heure à faire une suture sur une stérilisation de chatte.
Et l'été dernier, mes patrons ont embauché une vétérinaire formée à Milan, ayant 2 ans d'expérience, pour nous aider pendant les vacances d'été. Le bilan a été qu'ils ne recommenceront plus : pas une seule garde sans que l'un de nous soit appelé pour venir l'aider à attraper un chat au fond d'un box ou pour poser un cathéter sur un chiot, des procédures complètement différentes des nôtres et des clients qui ne comprennent pas (j'ai eu une cliente qui est revenue une semaine après sa première visite et qui m'a presque supplié de faire une injection d'antibiotique à son chat en pyodermite, parce que les autres fois ça marchait très bien mais que la dernière fois, la vétérinaire avait dit que c'était pas nécessaire).
Moralité, cette année, ils préféreront prendre un étudiant de 4ème année en école plutôt qu'un vétérinaire venant d'un autre pays de l'UE...
Ce qui m'amène au dernier point : si on fait même abstraction du débat sur le niveau de formation, il est un fait qu'il sera plus difficile pour un jeune véto venant d'un pays tiers de trouver du travail.
Simplement parce que les vétérinaires aujourd'hui se disent "pourquoi je prendrais des jeunes qui sont partis à l'étranger pour acheter un diplôme plutôt que de travailler pour l'avoir ?". Déjà que globalement, les vétérinaires sortis il y a 15 ans trouvent que les jeunes vétos qui sortent aujourd'hui des écoles Françaises ne sont pas aussi bons que ceux qui sortaient il y a 10 ans...
Les jeunes vétos ont tous cette impression qu'ils ont trimé pour obtenir un diplôme alors que d'autres aujourd'hui sortent le chéquier et viennent ensuite se plaindre de ne pas être considérés comme les autres.
Je ne peux donc que vous inviter à bien réfléchir à ce que vous souhaiter suivre comme voie. Dites vous que la facilité à un moment n'est pas l'assurance de la facilité par la suite. Aujourd'hui la situation économique en Espagne ne permet pas à un vétérinaire de vivre aussi correctement que son diplôme laisserait le supposer. Mais revenir en France n'est pas non plus chose aisée et les a priori, non contents d'avoir la dent dure, se renforcent de plus en plus parce qu'on a tous de plus en plus d'exemples dont on discute quand on se rencontre.