Posté le 30/05/2005 � 16:59
sabinou, désolée je suis pas trop conne non plus, quand on me dit 1 truc je le comprends
ne pas comprendre ne veut pas dire qu'on est con, loin de là
si tu relis ce que j'ai écrit sans chercher à le prendre pour toi (ce n'est pas un message d'insulte, si je me suis montrée un peu aggressive je m'en excuse)
j'essayais juste d'expliquer le fait que les consultations médicales dans le cas de pathologies graves sont très denses en terme d'informations que reçoit le patient et parfois il n'assimile pas tout
la compréhension n'est pas forcément une affaire de QI ou de culture générale
pour te donner un exemple concret d'info qui passe mal avec un médecin qui dit quelque chose que le patient ne comprend pas (au sens large d'entendement) je vais te raconter qqch que j'ai vécu il y a qq semaines:
je fais de l'oncologie (cancéro pour ceux qui ne connaissent pas) et j'ai eu dans mes lits d'hospi un jeune de 21 ans en fin de vie
petit résumé de l'histoire: diagnostic il y a environ 10-12 mois d'un rhabdomyosarcome surrénalien. Ce terme barbare désigne un cancer très aggressif, et surtout dans ce cas au stade métastatique
pour ceux qui aiment les chiffres: survie à 5 ans =0, réponse à la chimio 0 à 17% des cas (on parle de réponse=diminution de la masse, hein? pas de rémission et encore moins de guérison)
donc ce jeune garçon a commencé ses séances de chimio, et finalement ça se passait plutôt bien puisqu'il a pu concilier une vie professionnelle et sentimentale avec sa maladie
jusqu'au jour où malheureusement la maladie a repris le dessus et qu'il a fallu lui expliquer que la chimio n'était plus efficace et que là vraiment il ne guérirait pas
on a donc poursuivi la prise en charge par une chimio par voie orale, moins agressive que celle qu'il avait déjà reçue, dans le but de ralentir au mieux la progression de la tumeur tout en lui permettant de garder une qualité de vie acceptable
et on le revoyait toutes les semaines pour remplir sa pompe à morphine: toute les semaines on passait du temps dans la chambre à répéter que la maladie évoluait, qu'il fallait profiter du temps passé à la maison etc...
c'est seulement au bout de 3 ou 4 semaines qu'il a saisi les perches qu'on lui tendait et qu'il a "entendu" ce qu'on lui disait, à savoir qu'il allait mourir de son cancer
bien sûr on peut me répondre qu'il devait le savoir/le craindre etc... je suis d'accord
il n'empêche que la compréhension de l'info médicale passe aussi par la maturité du patient face à sa maladie: donc oui tu peux ne pas comprendre ce qu'on te dit sans pour autant être trop conne
maintenant on peut me dire aussi qu'on lui a caché une partie de la vérité et qu'on avait qu'à lui dire clairement les choses: "vous allez mourir parce qu'en l'état actuel de nos connaissance on n'a plus de traitement efficace" je ne connais personne qui fasse ça
le problème c'est que tu dénonces une vision de la médecine que personne ne cautionne
je suis certaine que pour que ton discours soit aussi noir c'est que tu dois avoir un vécu très négatif de ta prise en charge: personne ne l'a nié, oui c'est vrai ça ne se passe pas toujours bien
nous ne sommes pas parfaits, personne ne le dit non plus
tu arrives sur ce forum en accusant l'ensemble de la communauté médicale "à de rares exceptions près" d'être inhumaine car apparement la plupart des médecins que tu as rencontré t'ont donné cette impression
as-tu pensé que peut-être c'était un échantillon non représentatif?
relis les réponses qui t'ont été faites (sur des tons variés j'en conviens): moi quand je les lie il me semble que tu arrives en voulant nous donner une leçon de morale sur notre exercice (et sur le fond tu as raison: la souffrance du patient doit être prise en compte et ce n'est pas forcément tj le cas: c'est un tort) et les gens qui te répondent sont extrêmement vexés parce qu'ils ont justement l'impression d'avoir un comportement empathique et une attitude d'écoute deleurs malades...
tout ça pour dire que nous ne sommes pas des méchants: ce genre de doléances est à adressé au cas par cas comme te le conseillait figaro. Nous ne sommes pas forcément le bon public.
maintenant pour revenir sur les conditions de travail des professions de santé, je t'invite à te renseigner sur le phénomène qu'on appelle le burn out, ou épuisement professionnel
ça t'aidera peut-être à comprendre pourquoi certains soignants peuvent se montrer odieux
je ne pense pas être obtue, si tu as d'autres remarques on peut continuer à en débattre, ça t'aidera peut-être à changer ta vision du milieu médical, qui ne ressemble pas du tout à ce que je vis au quotidien
[Edité le 30/05/05 par sabinou6]