Posté le 01/06/2005 à 20:59

une réflexion intéressante de notre ancien ministre de la santé sur la médecine d'aujourd'hui ...
Jean-François Mattéi : plaidoyer pour la médecine
On peut sans doute reprocher un certain nombre de choses à Jean-François Mattéi mais sûrement pas de ne pas aimer profondément son métier. Invité par l´Académie de médecine à s´exprimer ce mercredi sur le sujet « Grandeur et servitudes de la médecine moderne », l´ancien ministre de la Santé, aujourd´hui à la tête de la Croix-Rouge, s´est livré à un véritable plaidoyer pour ce qu´il juge indiscutablement comme le plus beau métier au monde.
Une demi-heure durant, Jean-François Mattéi a dressé le portrait d´un métier sans nul autre pareil mais qui, les techniques et les cultures évoluant, s´est asservi à de multiples contraintes. « Qu´est devenue la considération dont les médecins étaient l´objet ? Que reste-t-il de la confiance du patient ? Qu´est devenu le revenu confortable ? Qu´est devenue la liberté qui permettait de supporter toute la misère du monde quand elle frappe à la porte ? Qu´est devenu ce statut privilégié qui faisait du médecin un notable apprécié ? », se demande l´ancien ministre. Pour toutes ces raisons, la grandeur du médecin est altérée, d´autant plus, considère-t-il, si l´on prend la mesure des servitudes, en tout premier lieu techniques, auxquelles le médecin a à faire face. Et de citer l´exemple de l´aide médicale à la procréation. Pour lui, c´est finalement « donner la vie là où elle était impossible. C´est la question du possible et du souhaitable. Le médecin a-t-il l´obligation morale de satisfaire des demandes qui lui sont faites au motif qu´il dispose des techniques pour le faire ? » Poussant à l´extrême sa réflexion, le Pr. Mattéi aborde la question des bébés médicaments et oppose le désir de guérir au respect d´autres valeurs. De son point de vue, l´évolution des techniques est en ce sens « vertigineuse ».
Et puis, ajoute-t-il, les médecins ont également à faire face à des contraintes économiques qui font beaucoup évoluer leur exercice : les progrès technologiques sont coûteux non seulement en termes d´investissements mais aussi en termes de répercussions. Ils augmentent la durée de la vie et ce faisant, de nouvelles pathologies se développent avec l´âge - type Alzheimer - , de même que la dépendance des personnes âgées se fait plus aiguë. De ce fait, dit-il, « le progrès technologique coûte doublement cher ». S´agissant des servitudes économiques toujours, le médecin moderne a à faire avec la nécessité de rester préoccupé du coût de ses prescriptions et de l´efficience de ses actes. Le médecin devient gestionnaire.
Enfin, les servitudes juridiques et sociales sont également le lot quotidien des médecins. La notion d´erreur médicale a beau exister depuis que la médecine existe, la législation aidant, les malades sont devenus des « usagers de la santé qui s´imposent comme des contractants et non plus comme des patients ». A la limite, il faudrait presque former juridiquement les médecins, glisse Jean-François Mattéi avant de rappeler que « le service de soins est un service public, c´est un devoir de l´Etat, c´est un droit pour chacun. Les médecins, y compris les médecins libéraux, sont des agents délégataires du service public ». A ce titre, ils doivent exercer là où l´on a besoin d´eux et non là ils ont envie d´exercer. C´est là la limite à la liberté d´installation, pointe l´ancien ministre, soulignant que les pharmaciens sont soumis à cette règle, et que cela fonctionne. Si les mesures incitatives à l´installation ne suffisent pas, le Pr. Mattéi ne jugerait donc pas incohérent de procéder pour les médecins libéraux comme pour les pharmaciens.
source :
http://www.egora.fr/3v_script/winbreve_asp/winbrevemedecin.asp?si..._____
That's all folks ! ;)