Posté le 19/05/2008 à 13:28

La proposition est volontairement provocante. « Nous allons entraîner des tollés », prévient Dinorino Cabrera, président du syndicat des médecins libéraux (SML) qui ne revendique rien de moins qu´une consultation à 50 euros pour les généralistes en secteur 1, et ce, pour une partie significative de leur exercice.
Alternative au développement des forfaits (ce que refuse le SML), cette consultation longue « dignement honorée » correspondrait à un acte « à haute valeur médicale ajoutée » et ferait l´objet d´un contrat d´objectifs et de moyens entre le médecin, le patient et l´assurance maladie. Le SML y voit trois avantages majeurs. Cette consultation à 50 euros permettrait au médecin de se recentrer sur son cœur de métier et de diminuer sa charge de travail en freinant la course à l´acte. « Pour 22-23 euros, on ne peut pas faire une consultation longue et cohérente. Ceux qui le font ne gagnent pas bien leur vie », estime le Dr Cabrera. Cette « super consultation », équivalente au C2 des spécialistes, répondrait à l´attente du patient d´être pris en charge de façon plus approfondie. Enfin, elle donnerait aux praticiens la motivation de s´investir dans la maîtrise médicalisée des dépenses avec des retombées pour l´assurance maladie. Le tarif de la consultation porté aux environs de 50 euros, explique le président du SML, permettrait en effet au généraliste de faire de la prévention et de la pédagogie vis-à-vis du patient sur la prescription, d´organiser la coordination des soins avec les autres professionnels de santé et de limiter les hospitalisations non indispensables. Autant de pistes d´économies possibles mises en avant par le syndicat. Concrètement, les patients seraient prévenus que certains créneaux horaires sont réservés à ces consultations longues.
« Il faut sortir de la logique actuelle qui consiste à ne pas augmenter la valeur des actes en raison de leur nombre et de la progression des volumes d´activité », souligne le Dr Cabrera. « Il faut qu´on arrête certains actes alimentaires », ajoute-t-il, en fustigeant « le consumérisme » de nombreux patients. Le SML ne cache pas qu´il profite de l´état d´aubaine des Etats généraux de l´organisation de la santé et du relatif blocage de la vie conventionnelle pour sortir de son chapeau cette proposition. « La charge de travail actuelle des médecins est trop importante. Il faut supprimer toutes les consultations médicalement inutiles, mais inévitables actuellement dans le contexte de consultation à bas coût. Il faut remettre en valeur le métier plutôt que de le dévaloriser avec des combats sans ambition, comme celui du C à 23 euros », assure Dinorino Cabrera. Pour lui, ce combat est « totalement dépassé » car il s´agit juste d´un effet de rattrapage sur le coût de la vie et non d´une revalorisation.
Echaudé par la récente décision du Conseil de la concurrence qui a condamné le SML à 135 000 euros d´amende pour incitation à l´utilisation du dépassement exceptionnel, il croit néanmoins bon de préciser : « Le C à 50 euros n´est pas un mot d´ordre ! »