Posté le 19/07/2011 � 19:59 puis édité
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Pour faire plaisir à
Silvine, je reprends la trame du questionnaire des D1 ici en l’adaptant à la passerelle P2. J'ai moi aussi bien profité des témoignages de nos aînés pour me préparer, alors voici le mien, aussi complet que possible :
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 26 ans, je suis psychologue. Après un bac S je me suis orienté vers les études de psycho où j’ai décroché un Master professionnel de psychopathologie sans trop de difficultés. Pour garder un pied dans les « sciences dures » j’ai également un DU d’Astronomie et Mécanique Céleste (qui a d’ailleurs beaucoup intrigué le Doyen pendant l’oral) que j’ai passé en parallèle du M2, pour le plaisir.
Pourquoi avoir choisi ce cursus à l’époque (et non médecine directement) ?
A la sortie du bac je savais que je voulais être dans la relation à l’autre, un travail auprès des patients. Médecine et psycho m’intéressaient tous deux. Le concours de la P1 m’impressionnait beaucoup et je me suis donc orienté vers psycho (où notre numerus clausus se fait en quatrième année). J’ai toujours eu le regret de ne pas avoir tenté la P1 au moins une fois.
Quelles ont été les motivations qui t’ont amené à demander cette équivalence ?
Je connaissais la passerelle pour passer en D1 et j’avais lu le témoignage d’un docteur en psycho qui avait pu en bénéficier. Problème : impossibilité d’obtenir une place auprès d’un directeur de thèse pour poursuivre en doctorat après le Master (puisque c'est un nouveau Master à visée professionnelle et recherche). Les « quotas » étant tous atteints sur Rennes, ma fac d’origine. + une longue période de chômage à l’issue du diplôme qui m’empêchait d’avoir accès à la population qui m’intéressait pour mon thème de thèse.
Avais-tu fait un stage à l’hôpital, en cabinet ou lié à la médecine durant ta formation précédente ? Si oui, en quoi cela a -t’il influencé ta décision ?
Oui, des stages en pédopsychiatrie durant le cursus universitaire. Le premier stage (en CMPI) a été un vrai choc pour moi. J’ai constaté que le psychologue était considéré comme un paramédical, qu’il avait un champ d’action restreint, des prises d’initiatives très limitées, etc. Bref, j’ai réalité que ce qui m’aurait vraiment convenu c’était la psychiatrie. Par la suite j’ai fait des stages dans des structures médico-sociales (EHPAD, CAT…), là j’ai davantage été confronté à la dimension somatique des soins, ce qui a réveillé mon intérêt pour le côté polyvalent de la médecine générale.
Comment as-tu vécu le parcours qui mène à l’autorisation d’entrer directement en P2 ? Galère ou simple formalité ?
Plutôt simple. Une lettre de motivation concise (un recto) que j’ai envoyé un mois avant l’échéance finale, avec des arguments très « logiques » et une structure basée sur le principe de la démonstration mathématique (présentation, voilà d’où je viens, voilà ce que j’ai, ce que j’ai fait, et voilà ce que je voudrais obtenir maintenant et pourquoi, conclusion…) Le tout c’est d’être cohérent dans son développement, son projet, et d’avoir des arguments imparables.
Comment les études de médecine s’intègrent-elles à ton précédent cursus ? Quelles obligations as-tu encore vis-à-vis de ton école/fac ? Ton école a-t-elle essayé de te dissuader de partir en médecine ?
Comme j’ai pu l’énoncer durant mon oral, je suis plutôt satisfait du parcours universitaire que j’ai eu. J’ai pu acquérir des connaissances, un savoir pratique et théorique utile concernant les modes de prise en charge des troubles psy. Je pense que ça pourra toujours m’être utile dans ma pratique de futur médecin, mais ce que je veux aujourd’hui, c’est aller plus loin.
Vu que je suis diplômé depuis 2009 je n’ai plus aucune obligation vis-à-vis de ma fac.
Peux tu nous raconter brièvement comment s’est déroulé l’entretien avec le jury (atmosphère, questions) ? Ton impression à la sortie de la salle ?
Je suis arrivé 10 min avant l’heure, il y avait quelques personnes qui attendaient et avec qui j’ai pu discuter. Le jury de Rennes m’a pris à l’heure, douze personnes en cercle et une petite table au milieu. J’ai souvent eu des oraux à faire, parfois devant sept personnes, donc j’étais plutôt à l’aise.
Ma présentation (dont j’avais appris les grands points d’articulation par cœur) a bien duré cinq minutes. Je suis plutôt bavard et je me suis adressé à tout le monde, en posant mon regard quelques secondes sur chacun (ou presque). Tout le monde m’a semblé attentif (en même temps difficile de ne pas l’être quand on fixe quelqu’un dans les yeux). Une seule personne « s’amusait » à détourner son regard du mien et à regarder ses chaussures (était-ce une consigne ?) quand je m’orientais vers elle (je me suis amusé à la tester deux fois).
A la fin du speech j’ai eu droit à des questions sur mes choix post bac et mon parcours. Ils avaient bien écouté ma présentation et souhaitaient relever certains points. La toute première question que j’ai eu était pratique : « Et concernant la biologie et la biophysique, est-ce que vous avez déjà commencé à regarder ce que vous alliez avoir pour la P2 ? » J’ai répondu par l’affirmative.
J’ai eu des questions sur mon DU d’Astronomie où j’ai souligné que j’avais toujours désiré garder un pied dans les sciences dures. Un membre du jury a plaisanté en me demandant si j’aimais aussi l’art puisque la médecine en était un. Ambiance détendue. Le Président du jury semblait assez timide et semblait presque murmurer ses phrases à voix basse. Certains se donnaient un air sévère/sérieux/intéressé. D’autres hochaient la tête régulièrement, certains étaient silencieux … Il y avait une ambiance de complicité au sein des membres du jury.
En sortant j’étais plutôt confiant et content d’émarger ma feuille de présence. Les dés étaient jetés.
Dans quel état d’esprit t’apprêtes tu à débuter cette année de P2 ?
Un peu inquiet. L’intégration au sein des lauréats de la P1 m’inquiète un peu, je crains de manquer de légitimité auprès de ceux qui ont passé parfois deux ans de leur vie à bûcher comme des fous pour accéder à cette année sacrée. On verra bien.
Considères-tu cela comme une expérience qui peut s’arrêter d’une année sur l’autre, si tu n’y trouve pas ton compte en utilisant ton diplôme précédent ou as tu la ferme intention d’aboutir coûte que coûte ?
Je reste terre à terre. Si la P2 et la D1 se passent bien, c’est bon, j’irai au bout. Je suis vraiment impatient d’arriver à l’externat et de passer rapidement à la pratique. Mais je suis conscient que c’est une reprise d’études, avec des matières inconnues, des lacunes à rattraper, un nouveau rythme à prendre…
Sur quels arguments as-tu choisi ta fac ?
Proximité géographique.
Comment comptes tu rattraper la première année ? As tu peur de ne pas réussir en médecine en partie à cause de ces lacunes ?
Oui, c’est une crainte que j’ai. Je me suis directement penché sur les cours d’anatomie et de physio de la première année durant les vacances, mais la masse de connaissance à acquérir m’impressionne beaucoup et ne fait que renforcer mon admiration pour ceux qui réussissent le concours. Je me suis procuré les livres conseillés sur le topique d’
OmBreNoiRe qui semble être de très bon conseil sur ce forum et je commence à me familiariser avec les grands thèmes étudiés.
Au fond je préfère me retrouver en P2 qu’en D1, il y a moins de chose à rattraper.
Si la question n’est pas trop indiscrète, peux-tu nous dire comment comptes-tu financer ces années d’études ?
Les revenus de ma conjointe plus mon travail de psy à temps partiel (deux jours par semaine) pendant au moins la P2 et probablement la D1. Pour la suite on verra …
Si la question n’est pas trop indiscrète non plus, comment as-tu envisagé de concilier ces études prenantes et ta vie familiale/privée ?
Les projets risquent d’être en stand by jusqu’à l’internat, mais après ça devrait aller. Je n’ai pas de famille à nourrir et ce n’est pas prévu !
Que comptes-tu faire finalement à la fin de tes études ? Si à l’internat ton classement ne te permets pas d’avoir ces/cette spécialité(s), que fais tu ?
Je me sens attiré par la psychiatrie / pédopsychiatrie du fait de ma formation, mais la médecine générale aussi me branche bien, donc normalement ça devrait aller !
Bon courage aux futurs passereliens ... !
Ne reniez pas votre parcours, dites toujours ce qu’il pourra vous apporter dans votre future pratique. N’hésitez pas à être sincère, quitte à reconnaître votre immaturité ou vos erreurs passées, mais montrez que vous assumez votre cursus. Le tout c’est de ne pas se dévaloriser et encore moins de miser sur l’apitoiement du jury. Ne vous prenez pas au sérieux et montrez que vous êtes conscient de l’enjeu.
Aujourd’hui la passerelle est une nouvelle chance que l’on nous propose, saisissez-là, vous n’avez rien à perdre.
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Interne en psychiatrie - passerelle P2 2011.