Admis en P2 et grosse indécision…

Bonjour à tous,

AU risque de me faire sermonner, conspuer, étrangler , j’ose tout de même me lancer ( le net à quand même ses avantages!).
Bien que je me sois déjà présenté, je me permets de détailler mon profil.
J’ai 27 ans et enseigne l’optique physiologique en école d’optique et à l’université depuis 3 ans. J’ai postulé à la passerelle P2 et suis admis à Nancy.

Seulement ( c’est vraiment maintenant que mon post commence et que je vais m‘attirer les foudres), depuis mon admission je me pose des questions et suis indécis sur mon avenir.
Mon envie de devenir médecin est née il y a plus de 5 ans lorsque j’étais stagiaire en clinique ophtalmologique dans le cadre de ma licence. Depuis, ce désir n’a cessé de mûrir et lorsque j’ai préparé mon dossier, passé mon oral j’étais sûr de moi. A présent, j’ai toutes les cartes en main et je réalise à quel point ce choix est difficile.
Bien sûr, ce métier me fait rêver, je mesure la chance d’avoir été admis en P2 et je sais bien que des milliers de P1 souhaiteraient être à notre place.
Mais s’engager à 27 ans, n’est-ce pas une folie? est-ce possible de s’investir encore 5 ans alors qu’on a déja beaucoup donné pour obtenir son diplôme?

Si, je me suis décidé à écrire, c’est également pour faire partager un sentiment qui doit habiter certains d’entre nous: n’avez-vous pas peur de vous tromper?

Peut être, que ceux qui sont dans le monde du travail me comprendront mieux…

Pour me rassurer, je me dis que face à chaque décision cruciale il y a un instant d’incertitude, de doute. Cet instant, je le vis seulement depuis 2 semaines.

Je m’excuse de plomber l’ambiance ; Félicitations à tous les admis et beaucoup de courage pour ceux qui n’ont pas été sélectionnés.

pas 5ans d'engagement, mais 9... Internat en +, alors certes c'est moins "scolaire" mais toujours beaucoup de travail !

Il est bien évident que personne ne pourra répondre à ta place. Bien sûr que ça sera difficile d'autant plus quand on est dans une position où on est un peu installé (comme ça semble être le cas pour toi) mais je ne pense pas que ce soit une raison suffisante si c'est vraiment un rêve pour toi. Tu es passé devant un jury de professionnels qui ont jugé que c'était possible. Après c'est toi qui reste l'ultime décideur et si tu ne le sens pas il ne faut pas le faire (mais gare aux regrets ...)

Bonsoir Opto,

j'ai également 27 ans (enfin presque), admis en P2 et travaillant depuis 2 ans.
Ce que j'en pense : non ce n'est pas une folie à condition que ta motivation soit vraiment bien ancrée en toi, car gros sacrifices à venir...
D'un point de vue organisation, la P2 et D1 te laisse du temps libre...bosser à temps partiel (jusque 20h par semaine si tu cherches dans les témoignages de certains anciens passeréliens) ou faire ce que bon te semble
Par contre ça se complique un peu pour les 3 années d'externat mais d'içi là tu n'auras probablement plus de doute...
Le doute c'est normal, mais est-ce si difficile au fond de toi de répondre à la questions suivante:
je veux enseigner encore 40 ans l'optique physiologique ? ou je suis fait pour devenir médecin ?

bon courage

Merci pour vos réponses.
Bravo à tous les admissibles, félicitations pour votre détermination!

Je pense qu'une appréhension est normale car il s'agit d'une véritable porte qui s'ouvre finalement et tu envisages des choses que tu n'imaginais pas forcément possibles auparavant...

Laisse toi peut-être un an de passerelle pour te décider...

Bon courage

Bonjour,

J'ai pensé à toi hier opto. J'avais lu ton message et pas pris le temps d'y répondre. Hier, j'ai rendu mon PC, ma voiture, mon badge, tous mes dossiers. Je suis rentrée en tram + bus sans rien, les mains vides. Et je me suis dit cette fois ci, c'est bon...
On quitte une situation très confortable pour repartir à 0, c'est pas un choix facile. Combien ne le feront jamais? Alors, je pense que tes doutes sont plus que légitimes, car finalement tu enterres, quelque part, ce que tu as construit, pour construire autre chose certes, mais tu rases des études, une carrière qui t'ont demandé beaucoup d'investissements professionnels, personnels, affectifs parfois. Ce n'est pas la durée qui m'a fait peur, ni la dureté. Ce n'est un secret pour personne et si j'y vais c'est que je pense sincèrement que je peux le faire. Mais une part de moi regarde en arrière et ce dit, tout ça pour rien. Alors c'est pas pour rien , on a grandi, mûri, nous sommes autre qu'à 20 ans. Mais on a le droit à une certaine "nostalgie".
je crois que le doute se mettra encore sur notre chemin pendant le long et tumultueux parcours des études de médecine et sans doute encore après en activité.
Donc pour répondre à ta question, non je suis sure de ne pas me tromper de voie. Je suis sure que c'est ça, mais je ne suis pas certaine pour autant d'avoir pris la bonne décision. Dans les deux cas il y a des compromis à faire : faire un boulot que tu n'aimes pas en ayant une situation très confortable ou faire le métier que tu aimes en te mettant en danger... parce que c'est ça, c'est l'insécurité dans laquelle nous nous trouvons qui crée la plus grosse partie de notre sentiment de doute.

Laisse toi peut-être un an de passerelle pour te décider...

merci petit bambou, mais que veut dire laisse toi un an de passerelle?

Merci Mariela pour cette réponse qui reflète à merveille mon état d'esprit. ( sauf que j'aime mon métier actuel et que la médecine me fascine et me passionne).
Tout est dit, il faut parfois savoir se mettre en danger. Je pensais vraiment avoir songé à tout et je me rends compte qu'il a fallu que j'attende mon admission pour être face à la réalité!

et bien une année de P2

Bonjour Opto,

Ton sentiment d’ambivalence est tout à fait normal.

Quand on reprend des études "sur le tard", on éprouve toujours, à un moment ou à un autre, une incertitude quant à nos choix. Même si tu entres avec plaisir dans ces études, tu te demanderas un jour, peut être en ce moment, ce que tu fais là.

En voyant les gens de notre génération qui travaillent, ont des revenus, ont achété une maison, font des enfants, partent en vacances, rentrent le soir et se détendent devant la TV ou au sport, qui se demandent ce qu'ils vont faire le weeke-end (amis? Ciné? Ballades?)...eh bien, tu t'aperçois que toi, tu n'as plus rien de tout cela. Le plus dur quand on est dino est, selon moi, la perte de revenus et de ne plus avoir de temps libre.

La perte de revenus fait que tu redeviens tributaire de ta famille, ou de ton conjoint, ... Travailler suffisamment de temps pour être autonome financièrement est un leurre. On peut faire des vacations ou des remplacements, mais c'est plutôt ponctuel. L'été, tu en profites pour gagner de l'argent pour ta rentrée prochaine, mais ce gain reste conditionné par la réussite de tes examens en mai/juin. Si tu échoues, tu n'auras que peu ou pas de vacances, des révisions, le stress de perdre ce en quoi tu as tellement investi (moralement et financièrement), moins d'agent voire rien du tout. Pendant ce temps là, tes amis rentrent bronzés.

Mais quand tu es en cours, que tu entends les cours de sémio, de physio cardiaque, respi, que tu assistes à des conférences de médecine, tu suis les médecins et que tu peux les observer réaliser des examens cliniques, que tu découvres tout le temps le nom de pathologies qui t'étaient complètement inconnues jusqu'à là, que tu poses ton stétho sur le thorax d'un patient, que tu manges avec les autres soignants en parlant des patients ou du foot....tout ça, c''est le PARADIS!!! Ce paradis, notre paradis, a un coût et demande beaucoup de sacrifices que peu de personnes verront. Et tout n'est pas toujours rose, tu auras l'occasion de vouloir tout arrêter parfois. Cela arrive à tout le monde, que tu sois en P1, en P2, en DCEM4, interne ou médecin. Ou fleuriste, ou comptable, ou policier, ou ingénieur.

Ce sont des choses humaines.

Et "Chaque victoire ne sera que la tienne, et toi seul en sauras le prix" (dixit....? Qui a trouvé? )

Tout cela en vaut le coup!

Idem pour les gardes de nuits, les IDE, médecins, SF et AS pas sympa, de passer pour le larbin/boulet/thrombose des couloirs, pour les fois tu ne sauras pas ce que tu dois faire et où tu te sentiras perdu et nul.

Oui, ça en vaut le coup!

Ne t'en fais pas, tes inquiétudes vont se dissiper, surtout quand tu débuteras les cours. Tu te diras: "je suis au paradis!". Et puis, tes doutes reviendront, rapidement ou non, voire pas du tout, ou souvent. C'est ainsi. Tu te poseras cette question surtout en période de révisions, ou quand tu bosseras tes cours l'été.

Le fait de se poser des questions montre que tu évalues l'ampleur de ce qui t'attend. Beaucoup de personnes se font plein d'idées sur ces études, mais c'est seulement quand tu es dedans, que tu peux réaliser à juste titre ce qu'elles signifient.

Bienvenu en médecine!

L'autre jour je suis rentré de l’hôpital et je me suis dit: "Putain j'ai servi à quelque chose aujourd'hui, j'ai fait des trucs bien!" Même si je n'ai pas fait grand chose... Ce sentiment n'a pas de prix! Alors Go Go Go!

Personnellement, je comprends ton sentiment.

Dans ces cas-là, d'incertitude, j'essaie de réfléchir de façon pragmatique et non pas par "sentiment"ou "intuition".

Réfléchis à ce que tu as à y perdre et ce que tu as à y gagner. Imaginons que tu te lances, et que dans le pire des cas tu regrettes ton choix, est-ce que tu pourras toujours retrouver ton ancien boulot ou pas?

Imagine que tu ne te lances pas, es-tu sûr de ne pas te réveiller à 50 avec tes marmots qui entrerontà l'université, en ayant cette culpabilité, ce regret qui te ronge le frein... Avoir des regrets à 30 ans c'est une chose, en avoir à 50 ans c'en est une autre, il n'y a pas de seconde chance...

Il y a aussi la question de la retraite qui se pose, et à laquelle selon moi il ne faut pas tarder à penser lorsque l'on approche de la trentaine... est-ce que tu y perdrais énormément à ne pas cotiser pendant tes études, sachant qu'en étant médecin plus tard, tu pourras facilement avoir une retraite complémentaire, histoire de compenser les pertes?

Au niveau de ta vie personnelle aussi la question se pose. J'ignore où tu en es aujourd'hui, mais supposons que tu sois célibataire sans enfant. Sans faire de plan sur la comète, il se peut qu'une petite femme et un petit bidon se place sur ta route pendant tes études. Est-ce qu'il sera possible de gérer, et comment (personnellement, je peux d'ores et déjà te dire que c'est possible). Si tu es déjà en couple et papounet alors la question se pose encore plus.

A mon avis, tu as plus à gagner et finalement très peu à perdre en tentant l'aventure, qu'en ne faisant rien... pragmatiquement parlant.

J'ai 28 ans, j'ai quitté un job génial dans le monde de l'audiovisuel, je viens de finir ma P1... durant cette année, je me suis souvent arrachée les cheveux en me demandant ce qui m'avait pris... mais je sais que j'ai fait le bon choix. Quand je suis en cours, j'ai l'impression d'apprendre quelque chose de vraiment exceptionnel, d'être dans le secret des initiés, d'acquérir un savoir très spécial... et encore, j'ai choisi la pharmacie . Je galère, j'ai pas un rond, j'ai du mal à m'en sortir avec ma fille que j'élève seule, je ne me suis pas achetée de vêtements depuis 2 ans, les vacances je ne fais qu'en rêver, mais seulement voilà, je sais que c'est un sacrifice qui en vaut la peine, pour moi d'abord, mais aussi pour ma petite chérie d'amour... inch'Allah

salut opto... finalement tu ne te seras pas fait lyncher
au contraire tu auras découvert que tes sentiments sont partagés... on s'est tous battus pour décrocher cette passerelle et la joie laisse désormais la place aux décisions...
e partage complètement les différents témoignages de ce post, le doute est normal qd on tourne une page et qu'on doit tt reconstruire... il me suffit de repenser à mes stages, à mes lectures pour me rendre compte que ce doute n'est qu'une peur de l'inconnu mais je sais que la voie est la bonne et je mesure ma chance
Bon courage à toi

Goldman bien sûr

+1

Salut Opto!!
JE crois que tout a plus ou moins déjà été dit!
Moi aussi j'ai eu ces doutes et questionnements. Ne te dit surtout pas que tu dois faire table rase de ton passé! C'est ton parcours qui t'as aussi fait obtenir ta passerelle!! Tu peux en être fier. Moi j'ai 29 ans, une situation confortable tant personnellement, professionnellement et financièrement. J'ai aussi eu le gros doute de tout abandonner pour partir vers l'inconnu... Le jour où j'ai posé ma démission tous ces doutes se sont dissipés et je pense vraiment avoir fait le bon choix. Après je pense qu'on aura tous les doutes réminiscents, comme tous les étudiants de médecine (suis-je fait pour ça, est ce que je suis à ma place, serais-je un bon médecin...) mais c'est tout à fait normal et on prendra confiance en nous tout au long de nos futures études!
Tu vas réussir!! Bon courage!!

Une fois encore je pense que tout a été dit mais je peux apporter ma pierre à l'édifice car ce sentiment de doute c'est exactement ce qui me tracasse depuis que je sais que je suis admise et je te remercie Opto d'avoir lancé ce sujet qui commence à prendre des airs de thérapie de groupe, ça fait du bien de parler de ses doutes!
A l'annonce des résultats j'ai été tout à la fois extrêmement heureuse et extrêmement terrifiée devant le changement radical qui m'attend, en entendant les réactions loin d'être toujours positives de mon entourage (impression de passer pour une tarée, vraiment!). Mais au final ces doutes sont normaux, nous nous apprêtons à changer de vie radicalement et l'inconnu fait peur. Mais il faut aussi garder à l'esprit que la chance qui nous est offerte ne se représentera pas, donc go go go comme dirait François Rabelais et on va y arriver!

A l'heure actuelle j'avance étape par étape : la démission, la recherche d'appart, puis un peu de révisions (pas trop pour arriver fraiche), l'inscription au Pole Emploi, à la fac, la rentrée, l'idée de rattraper petit à petit en travaillant régulièrement, pris étape par étape ça fait moins peur. Biensur que j'ai peur de me tromper, de ne pas y arriver mais je sais que j'ai toujours voulu être médecin et que je m'en voudrais toute ma vie si je laissais passer cette chance.

Merci en tout cas d'avoir proposé ce sujet, beaucoup de monde se reconnaitra.
Ce sentiment commence à pointer son nez de mon côté, même s'il me reste 1 an. Divers évènements m'ont amené dans ma profession (d'ingénieur) à laquelle je n'arrive pas à adhérer... et toujours ce regret de n'avoir pas osé perdre 1 ou 2 ans à une époque pour reprendre en médecine.
Maintenant, j'ai les moyens financiers (issus d'une situation confortable que j'abandonnerai) de réparer une erreur d'orientation qui me mine depuis 5 ans par une frustration qui m'habite 5j/7. Ca ne dépend plus que de moi dans l'année qui vient, et j'ai un peu le vertige, comme vous .

Je pense que si tu as trouvé quelque chose que tu aimes et qui te passionne, tu dois te lancer!

Après tout, c'est quoi 5 ans dans une vie qui en fait 80 de nos jours?!

Pour ta peur de t'investir, si tu es passionné ça ne devrait pas poser de problème!

A ta place, j'aurai juste en plus (par précaution et pour être sûre de ma décision) interrogé divers médecins (internes, séniors, généralistes...) sur leur métier de tous les jours pour avoir la certitude que cela me conviendrait et que je n'idéalise pas cette voie.

Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise décision dans le sens où tu sais mieux que personne ce qui te convient le mieux.

Et puis au moins faut essayer! Par respect envers tous ceux qui voudraient notre place!