Posté le 23/06/2015 � 16:22 puis édité
1 fois 1. Peux-tu te présenter en quelques mots et nous donner ton parcours (M2, ingé, dentaire, pharmacie, vétérinaire...) jusqu’à ton retour à la fac ?
Pour ma part, j’ai sans doute un parcours un peu atypique par rapport aux autres. En effet après trois années d’hypokhâgne et de khâgne, je suis entrée à l’École Normale Supérieure de Lyon en master de Philosophie.
Mes deux mémoires de recherches (M1 et M2) portaient sur l’éthique en santé et plus particulièrement sur la fin de vie.
J’ai aussi fait une année à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales en master Santé, Populations et Politiques Sociales.
C’est pendant cette année que j’ai appris l’existence de la passerelle, et là, plus rien d’autre ne m’a intéressé si ce n’est que de la réussir et de devenir médecin.
2. Si tu avais tenté la première année, pour quelles raisons penses-tu avoir échoué? Sinon pourquoi ne pas avoir choisi le cursus médical à l’époque ?
Je n’ai jamais fait de P1, et je n’avais jamais pensé à être médecin avant de me découvrir une vocation pour les questions de fin de vie.
3. Quelles ont été les motivations qui t'ont amené(e) à demander cette équivalence ?
Je crois qu’on peut parler de plus qu’une simple équivalence (ou au moins dans mon cas).
En fait ça faisait 4 ans que je m’étais spécialisée dans l’éthique en santé, et les perspectives professionnelles qui s’offraient à moi ne me suffisaient pas : j’avais envie de plus que de simplement parler et étudier la médecine, j’avais besoin de la pratiquer. J’avais besoin de ressentir une utilité au jour le jour, et c’est ce que m’offrait cette passerelle. Du coup… Veni, vedi, vici !
4. Avais-tu fait un stage à l'hôpital, en cabinet ou lié à la médecine durant ta formation précédente ? Si oui, en quoi cela a-t-il influencé ta décision ?
Oui, j’ai effectué plusieurs stages. Je crois que cela a été majeur dans la décision du jury d’accepter ma candidature, notamment avec mon parcours.
Je suis allée en service de soins palliatifs, en service de réanimation médicale, de réanimation chirurgicale, et j’ai fait des gardes de nuit aux urgences.
Forcément, il me semble que faire des stages est majeur pour savoir si on est vraiment fait pour la médecine, car le papier et la réalité sont deux choses bien différentes… Donc si vous avez l’occasion, pour vous mais aussi pour votre dossier, foncez en stage d’observation !
5. Comment les études de médecine s'intègrent-elles à ton précédent cursus ? Quelles obligations as-tu encore vis-à-vis de ton école/fac ? Ton école a-t-elle essayé de te dissuader de partir en médecine ?
Je crois que je l’ai plus ou moins expliqué dans mes réponses précédents. Cela faisait 4 années que je travaillais sur le monde médicale au travers de mes études en philosophie (puis en sociologie a minima). Je n’ai aucune obligation envers personne… Mes Écoles n’ont pas forcément étaient encourageantes dans mon choix mais peu importe non ? Quand on sait ce que l’on veut, on y va jusqu’au bout. Et c’est difficile parfois de demander aux autres de prêcher pour une autre paroisse que la sienne donc bon…
6. Comment as-tu vécu le parcours qui mène à l’autorisation d’entrer directement en DFGSM2 ? Galère ou simple formalité ?
Franchement quand on est sérieux et motivé, je ne vois pas comment on peut le prendre comme une simple formalité. Quand on veut vraiment quelque chose de tout son coeur, on a forcément peur de l’échec et de se le voir refuser.
Donc non, j’ai beaucoup lu, je me suis beaucoup renseignée. Ce forum a été extra, riche d’infos et de gens bienveillants.
J’ai passé du temps sur ma lettre de motivation, mais finalement beaucoup moins que pour l’oral (c’est dire !).
7. Peux-tu nous raconter brièvement comment s’est déroulé l’entretien avec le jury (localisation, atmosphère, questions) ? Ton impression à la sortie de la salle ?
ALORS.
Moi, personnellement, j’ai trouvé que l’oral c’était un truc de OUF. Déjà, j’avais révisé mon speech, pour qu’il fasse 3m50 (pour un temps max de 4m00). Or le jury m’a coupé avant. Il me restait quelques trucs à leur dire, mais en gros, j’ai pu leur dire l’essentiel. Finalement, je n’ai pas eu le temps de leur dire à quel point j’étais motivé et prête à m’arracher, mais finalement, bon, l’essentiel aura été dit visiblement !
Pour les questions, tout est allé très, vite, j’avais à peine le temps de répondre que l’on me coupait pour m’en poser une autre.
Attention le jury de Lyon est connu pour ses questions exotiques. Voici les miennes :
- Qu’est-ce que hypokhâgne - change vont vous apporter dans ces études ?
- Êtes vous rigoureuse ?
- Pour vous qu’est-ce que la rigueur ?
- Comment associer rigueur et pratique médicale ? (oui TOUTES ces questions sur la rigueur, ça taclé de tous les côtés !)
- Quel est votre avis personnel sur la GPA ?
- Connaissez-vous l’origine des termes « hypokhâgne / khâgne » ?
- Vous êtes externe dans mon service de réanimation. Nous débranchons un jeune femme de 21 ans, qui va donc mourir. Vous êtes choquée et portez plainte. Que fait le juge d’instruction ? »
- Si Napoléon avait gagné Waterloo, pensez-vous que ça aurait changé la face de l’Europe ?
- Si vous n’avez pas la passerelle, que ferez-vous ?
Très honnêtement, je me demande si je n’en ai pas oublié car tout est allé tellement vite, les questions fusaient de tous les côtés.
Je suis sortie, j’avais l’impression d’être une bouteille d’Orangina. J’étais complètement hallucinée, sans compté que tout est allé très très vite, à peine rentrés qu’on nous met déjà dehors.
La pièce était méga lumineuse, assez impressionnante car il y a une quinzaine de personne devant nous, en U.
C’est très difficile de les cerner. Tout d’abord parce qu’on ne peut pas tous les regarder, s’y attarder. Certains ne nous regardent jamais, d’autres ne nous quittent pas du regard, certains ont lu leur papier tout le long, regardez dans leur pochette. Mais ça ne veut rien dire. C’est ce qu’à fait le doyen de la fac dans laquelle j’ai postulé et finalement, il m’a accepté. Je pense qu’il faut être sûr de soi, et ne pas se laisser déstabiliser. C’est ce qu’ils cherchent (et c’est normal à quelque part).
Mention spéciale à la secrétaire qui passe un moment avec chaque candidat avant leur entrée. Pour ma part je n’y ai pas eu droit car la candidate avant moi est sortie au bout de trente secondes (! même pas peur pour moi qui arrivée après), du coup je suis entrée sans avoir eu le temps d’échanger, mais je sais que c’est une dame extra !
8. Dans quel état d’esprit t'apprêtes-tu à débuter cette année de DFGSM2 ?
Ma foiiiiii ! Je suis encore sous le choc de cette annonce. C’est tellement incroyable !
Je suis du genre à beaucoup me renseigner, du coup je vais prendre connaissance du programme de P2 pour tâcher de prendre de l’avance cet été, et je vais aussi jeter un oeil et m’acheter quelques bouquins de P1 pour avoir au cours de l’année qui arrive un socle, je ne sais pas. En tout cas ce qui est sûr c’est que je vais bosser avant septembre !
9. Considères-tu cela comme une expérience qui peut s’arrêter d’une année sur l’autre, si tu n’y trouves pas ton compte en utilisant ton diplôme précédent ou as-tu la ferme intention d’aboutir coûte que coûte ?
Non, j’irai jusqu’au bout.
10. Sur quels arguments as-tu choisi ta fac ?
Je suis Lyonnaise, Lyon Est est sur la ligne de métro directe à partir de chez moi, puis c’est une bonne faculté.
11. Comment comptes-tu rattraper la première année des études médicales ? As-tu peur de ne pas réussir en médecine en partie à cause de ces lacunes ?
Je viens de philosophie. Et alors ? Avec du boulot, on arrive à tout ! Quand on aime… Les lacunes seraient des matières de P1 que je ne reverrais même pas en P2… Je suis très sérieuse, donc je travaillerai autant qu’il le faudra, mais non vraiment, je pars très confiante. Il faut de toute façon !
12. Si la question n’est pas trop indiscrète, peux-tu nous dire comment comptes-tu financer ces années d'études ?
Je vis avec un médecin qui gagne déjà sa vie… La P2 sera une année un peu bancale, et encore, nous avons quelques économies, et à partir de la D1 je compte bien travailler (gardes d’infirmières par exemple).
13. Si la question n’est pas trop indiscrète non plus, comment as-tu envisagé de concilier ces études prenantes et ta vie familiale/privée ?
Mes parents sont extraordinaires et m’ont poussé un maximum, et mon homme est merveilleux : il est médecin et m’a aidé et conseillé tout le long… Vivement que nous nous croisions lui et moi dans les services !
14. Que comptes-tu faire finalement à la fin de tes études? Si à l'internat ton classement ne te permet pas d'avoir ces/cette spécialité(s), que fais tu ?
Des soins palliatifs, de l’oncologie, de l’obstétrique… Qui sait ? Tant de choses à apprendre et à découvrir !
15. Que vas-tu faire avant de débuter les cours ?
J’ai un job pour cet été, un voyage déjà prévu pour septembre… J’aborde les choses sereinement. Et je suis heureuse !
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Victoria
Admise en 2015 pour entrer en P2 à Lyon Est
Ancienne hypokhâgneuse / khâgneuse, École Normale Supérieure de Lyon spécialité Philosophie, École des Hautes Études en Sciences Sociales.