Posté le 01/04/2016 � 16:38

Alors ne faites pas une mauvaise interprétation de mes propos, je trouve que ceux qui font la passerelle ont autant de mérite que ceux qui passent par la PACES. Les passerelliens seront d'aussi bons médecins/pharmaciens/dentistes/sages-femmes que les autres, pas de doute là-dessus, et ils ont bien raison de tenter la passerelle.
Ma critique était plutôt portée sur l'attractivité des études de médecine. Autant pour la passerelle D1, je suis d'accord qu'elle montre une profonde motivation et que ce n'est pas du tout donné à tout le monde : ceux qui font la passerelle D1 sont soit docteurs, soit ingénieurs, donc ils ont souvent déjà de très bon postes. Reprendre des études de médecine quand on est pharmacien dans l'industrie pharmaceutique à 7000€ net/mois, ou quand on est dentiste libéral à 5000€/mois, c'est vraiment un énorme sacrifice, un sacerdoce.
En revanche, pour la passerelle P2, ce n'est quand même pas du tout pareil :
- Soit on a validé une D1 médecine/dentaire/pharma/SF et on reprend en P2 d'une autre filière : pas beaucoup de perte financière, vu qu'on était encore étudiant et qu'on ne perd pas beaucoup d'années.
- Soit on a un bac+5 de l'université (sans grosse sélection), et donc d'une part un jeune sur 3 actuel arrive à un tel niveau d'étude (à cause de la pression familiale et la dévalorisation des études courtes) et d'autre part on sait tous très bien ici que dans le contexte économique actuel, un bac+5 d'une fac classique aboutit soit à un CDI de chômeur, soit à un poste d'exécutant à 1200€/mois : tous les postes intéressants dans le privé sont trustés par les ingénieurs ou les pharmaciens. Les titulaire d'un M2 de biologie par exemple sont souvent obligés de reprendre une formation complémentaire (un diplôme de gestion dans les établissements de santé par exemple). Alors le fait qu'il y ait seulement 81 candidats pour 30 places, quand on connait le nombre de M2 délivrés chaque année, et quand on connait la situation catastrophique de l'emploi pour ces diplômés, oui c'est inquiétant pour le métier de médecin, pourtant à la base considéré comme le "meilleur au monde". Cela prouve que la profession n'attire plus assez. Il n'y a jamais eu autant de médecins dans l'histoire de France (plus de 200 000) et pourtant on manque de médecins : ils ne veulent plus faire ce métier.