Posté le 11/03/2021 � 11:42
Comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, voici mon témoignage. Bon courage à tous pour vos candidatures ! Et surtout, si vous en avez encore la possibilité, n'hésitez pas à vous inscrire en première année, parce qu'on ne peut pas tout miser sur la passerelle. En P2, les "passerelliens" ont de très bons résultats. Par ailleurs, il y a dans ma promo des personnes en reconversion, pas forcément éligibles à la passerelle, et qui ont réussi la P1. Ce n'est pas une épreuve insurmontable et à mon avis ça vaut le coup d'être tenté. C'est le dernier jour aujourd'hui pour s'inscrire dans Parcousup, mais si la date limite est passée, n'hésitez pas à contacter les secrétaires voire le doyen si ça bloque au niveau du secrétariat, je ne vois pas comment on pourrait refuser l'inscription en première année à une personne diplômée et motivée.
1. Peux-tu te présenter en quelques mots et nous donner ton parcours (M2, ingé, dentaire, pharmacie, vétérinaire...) jusqu’à ton retour à la fac ?
Thibaut, 36 ans, marié, un enfant. Doctorat en anthropologie biologique, puis dix années de postdoc, d'abord à l'étranger, puis en France, en alternant des périodes de "vrai postdoc" rémunérées et d'autres non. Admis en P2 médecine à Angers.
2. Si tu avais tenté la première année, pour quelles raisons penses-tu avoir échoué? Sinon pourquoi ne pas avoir choisi le cursus médical à l’époque ?
Je n'ai jamais tenté la première année.
3. Quelles ont été les motivations qui t'ont amené(e) à demander cette équivalence ?
Echec à entrer au CNRS, je me trouvais dans une voie sans issue. Envie d'une situation professionnelle stable. Envie de combler mes lacunes dans la connaissance du corps humain, et plus généralement d'apprendre la médecine.
4. Avais-tu fait un stage à l'hôpital, en cabinet ou lié à la médecine durant ta formation précédente ? Si oui, en quoi cela a-t-il influencé ta décision ?
Non, jamais.
5. Comment les études de médecine s'intègrent-elles à ton précédent cursus ? Quelles obligations as-tu encore vis-à-vis de ton école/fac ? Ton école a-t-elle essayé de te dissuader de partir en médecine ?
J'étudiais les squelettes et les crânes (hommes préhistoriques, grand singes). Le corps humain est donc ce qui fait le lien entre mon domaine précédent et le médecine. Aucune obligation, aucune dissuasion, c'est une décision que j'ai prise seul (enfin en couple), sans en parler à personne. Même mes parents n'étaient pas au courant.
6. Comment as-tu vécu le parcours qui mène à l’autorisation d’entrer directement en P2 ou D1 ? Galère ou simple formalité ?
La candidature en elle-même était plutôt une simple formalité (j'avais fait un CV et une lettre de motivation d'une page chacun). Par contre, pour ce qui est de l'attente, du stress, de l'incertitude,... on peut considérer que c'était une galère.
7. Si tu as été choisi sur dossier: qu'est ce qui a fait selon toi la différence en ta faveur ? Si tu as eu à passer un oral par visioconférence, peux-tu nous raconter brièvement comment il s’est déroulé (localisation, atmosphère, questions) ? Ton impression à la sortie de la visioconférence ?
Pas d'oral l'an dernier, au moins le coronavirus nous aura permis d'échapper à ça. Je pense que le premier choix se fait sur le CV. Il se trouve que j'avais mis en avant le fait d'avoir travaillé sur des données d'imagerie, et dans le jury, j'ai vu après coup que plusieurs membres étaient spécialistes de l'IRM. Je ne sais pas, ça a peut-être joué en ma faveur. Pour la lettre de motivation, deux conseils évidents : être positif et ne pas faire de fautes d'orthographe. C'est un peu tard maintenant (désolé encore pour ce post tardif), mais il ne faut pas hésiter à la faire relire à des personnes extérieures (conjoint...). Quand on est plongé dedans, on ne voit pas certains défauts/fautes évidents, qui sauteront aux yeux d'une personne extérieure.
8. Dans quel état d’esprit t'apprêtes-tu à débuter cette année de P2 ou D1 ?
On est à mi-année, mais je suis toujours aussi motivé, même s'il y a eu bien sûr des hauts et des bas.
9. Considères-tu cela comme une expérience qui peut s’arrêter d’une année sur l’autre, si tu n’y trouves pas ton compte en utilisant ton diplôme précédent ou as-tu la ferme intention d’aboutir coûte que coûte ?
Non, j'irai jusqu'au bout de ces études.
10. Sur quels arguments as-tu choisi ta fac ?
Mes liens avec Angers. J'ai fait ma scolarité dans la région, mes parents y habitent toujours, j'avais même commencé mes études à Angers il y a presque 20 ans. Je pense que c'est important d'avoir des liens forts avec la ville/région où l'on candidate, et même de mettre une adresse locale dans son CV pour réception du courrier. Même si ça ne fait pas partie des critères officiels de candidature, je pense que ça joue énormément.
11. Comment comptes-tu rattraper la première année des études médicales ? As-tu peur de ne pas réussir en médecine en partie à cause de ces lacunes ?
C'est clair qu'on part avec du retard par rapport à ceux qui ont fait la P1. Souvent les profs disent : "je ne reviens pas là-dessus, vous l'avez déjà vu l'année dernière". Je pense que ce retard en biochimie,etc... ne se rattrape pas, on n'a pas le temps d'aller au fond des choses, vu la somme de nouvelles connaissances à ingurgiter. Simplement, on fait des raccourcis, on s'aide beaucoup de wikipedia, et finalement, on comprend les cours de mieux en mieux. L'apprentissage de la médecine est comme un puzzle dont on ne connaît pas l'image, on nous donne des morceaux, au début on ne sait pas où les placer, et puis petit à petit les morceaux s'assemblent entre eux. Ce n'est pas comme une maison qu'on construirait brique après brique, en suivant un plan et un ordre précis. Au début, c'est difficile, on se sent perdu, on n'arrive pas à extraire ce qui est essentiel dans un cours et ce qui ne l'est pas, ce qu'il faut apprendre maintenant et ce qu'on reverra plus tard dans d'autres matières. Mais petit à petit, ça va de mieux en mieux, on trouve sa méthode et on fait la part des choses. Pour terminer de répondre à cette question, à moins d'être pharmacien, dentiste,... ou d'avoir un énorme bagage en biologie, n'espérez pas entrer directement en D1. En fait, ce n'est même pas souhaitable, on a déjà bien assez de retard quand on arrive directement en P2.
12. Si la question n’est pas trop indiscrète, peux-tu nous dire comment comptes-tu financer ces années d'études ?
chômage (AREF) jusqu'à la fin de cette année. Ensuite c'est l'inconnue. Les rémunérations de mon épouse, mais ce ne sera sans doute pas suffisant. Je sais qu'il existe des aides sociales (voir avec l'assistante sociale de l'université). Si je choisis médecine générale, il y a aussi le CESP, mais on ne peut le demander qu'à partir de la 4ème année, et souvent, le temps que l'administration se mette en route, les salaires ne sont versés qu'à partir de la fin de cette 4ème année, donc en gros avant la cinquième année il faut se débrouiller dans tous les cas. Je ne sais pas encore comment je vais faire.
13. Si la question n’est pas trop indiscrète non plus, comment as-tu envisagé de concilier ces études prenantes et ta vie familiale/privée ?
ça ne change pas grand chose par rapport à ma vie précédente, mes recherches étaient aussi prenantes. Désormais, je n'ai plus l'impression de travailler pour rien, je vois une lumière au bout du tunnel.
14. Que comptes-tu faire finalement à la fin de tes études? Si à l'internat ton classement ne te permet pas d'avoir ces/cette spécialité(s), que fais tu?
La radiologie me tente beaucoup. Et puis il y a toutes les spécialités à découvrir pendant les stages d'externat. La médecine générale et son côté "exercice libéral" me tentent bien aussi. Donc rien n'est fixé, j'attends un peu les premiers stages pour orienter ma décision. Si je suis mal classé à l'ecn, ce sera médecine générale sans hésiter.
15. Que vas-tu faire avant de débuter les cours ?
Je réponds rétrospectivement : le stage infirmier. C'est le premier contact avec le milieu hospitalier. C'est difficile, on a l'impression de débarquer sur une autre planète, on ne comprend rien au langage stéréotypé, plein d'abréviations, du monde des soignants. Mais c'est aussi très enrichissant, surtout émotionnellement. On n'apprend pas à devenir aide-soignant ni infirmier pendant ce stage, surtout pas en quinze jours ou trois semaines, mais on apprend énormément sur soi-même et ses propres réactions face à la souffrance, les odeurs, la nudité, etc... C'est un moment essentiel. Il faut prendre sur soi, ce n'est pas facile, mais une fois ce stage passé, on en ressort grandi et prêt à affronter la suite.