L'auteur du sujet a désigné cette réponse comme étant la meilleure - Posté le 28/01/2021 � 18:10
Bonjour,
Je fais un peu partie des « périmés », mais j’ai la chance d’avoir fait la passerelle et d’avoir terminé avec des enfants en bas âge, voire pas encore né pour l’un deux, donc je me permets de te donner quelques éléments de réponses.
1. Quelle distance prévoir sur les stages et quelle fac est la mieux pour la proximité à Paris Intramuros : P5, P6 ou P7 ?
Nantaise donc je peux pas t’aider.
2. Quelle négos possibles autour de la parentalité pendant les études? (échanges de dates avec d'autres étudiants pour accompagner les petits au judo le mercredi aprem, report d'un TD pour garder un enfant malade, etc.)
C’est assez variable mais globalement, c’est assez bien accueilli tant que tu es étudiants/externes, puisque ton rôle est très service dépendant mais, en gros, on peut se passer de toi. Par contre, pas pour aller au judo… Mais un RDV médical, un enfant malade, ça pose pas de problème en règle général.
A l’internat c’est plus compliqué, le service a besoin de toi impérativement, donc il faut prévoir+++ avec des vacances et pour les enfants malades, il faut un plan B.
3. quelle possibilité de "réduire la charge de TAF" en visant 10/20 et la dernière place de Med Gé parisienne aux ECN ? (en gros, quelle serait une sorte de "charge minimale) ? Quelle conséquence sur le choix des stages d'internat (et notamment en termes de distance). Est-il vraiment possible de faire 48H/semaine en internat de med gé ?
Alors, il faut bosser pour valider ses partiels, ça tombe pas tout cuit. Après moi, quand j’avais 13 à mes dossiers, j’estimais que j’avais assez de ressources pour limiter la casse et donc je stoppais là. Pour certaines matières c’était facile à atteindre pour d’autres, il fallait quand même cravacher.
La dernière année d’externat, j’ai bossé pour les partiels et puis j’ai arrêté. Ma D4 a été vraiment très cool, j’ai fait plein de chose avec les enfants, plus jamais touché un bouquin le week-end, animé deux groupes de caté… Le revers, c’était un classement pas terrible à l’ECN donc les stages qui restaient étaient loin et plein de gardes.
Avec le recul, je regrette pas du tout cette stratégie. J’ai profité de mes enfants petits et puis j’ai bossé dur pendant 3 ans mais ils étaient plus grands. Niveau formation, j’ai fait une bonne centaine de gardes, donc je me sens vraiment à l’aise. J’ai toujours eu des bons stages d’internat, c’est juste qu’ils étaient prenant et loin (mais je rentrais tous les soirs, une heure de trajet max, donc deux heures de bagnole par jour).
L’internat de Méd gé est quand même, je pense un de ceux qui permettent le plus d’aménagement. Mes deux derniers semestres ont été fléchés pour raison familiale et pour mon projet professionnel. Pour les 48h, ça avance vraiment, doucement mais sûrement. Il y a des récup, du temps de travail pour la thèse etc… C’est un peu moins le bagne qu’avant. Il ne faut pas hésiter à en discuter, faire des propositions etc… J’ai dû le faire deux fois pendant mon internant, ça a été accepté et ça ne m’a pas pourri le stage. Il y a une façon de présenter les choses, la maturité aide dans ces cas là.
4. Quelles obligations pour un vieux ? Soirées, bizutage, parrainages, etc. ? j'ai vu ici et là sur le forum que certains dinos disaient cependant qu'en vrai, ils rencontraient les gens en stage ou TD et que les soirées étaient donc complètement optionnelles...
Je déconstruis sans doute un mythe, mais alors c’est loin d’être une obligation. J’en ai fait aucune. Trop la flemme. J’ai pas été mise au ban pour autant. Quelques fois, j’ai fait des petits goûters chez moi. J’ai pas du tout souffert de l’ambiance, je me suis fait des potes de tout âge, même si avec les vieux, il y avait un lien plus particulier.
5. Quelle progression dans le "par coeur" ? Ca s'entraîne ? ca se simplifie avec le temps ?
Oui, au début ça fait bizarre et puis de manière assez magique, ça devient de plus en plus facile, mais ça reste barbant et on finit quand même par en avoir marre.
Tu vas vite comprendre comment il faut apprendre et ce qu’il faut retenir. A l’internat, c’est fini le par cœur. Tu peux avoir tes anti sèches avec toi.
6. quelle source de motiv dans les moments de galères (la "vocation" suffit-elle?)
Oui et si tu l’as pas, tu tiens pas. Il ne faut pas se lancer dans un projet pareil si on aime pas les gens et si on a pas envie de leur faire du bien. Le faire pour l’argent ou pour le prestige, ça ne suffit pas.
Après, il faut garder des ressources extérieures. Avec une famille c’est finalement plus simple, on est obligé d’avoir cette ressource. Mes enfants ont été un vrai moteur (par exemple : tu promets qu’après les révisions tu feras une partie de jeux avec eux à 17h30 et bien tu es obligée de bosser et de ne pas gober les mouches pour chercher la motivation, tu n’as pas le choix…. Idem, c’est une source de motivation pour pas abandonner vu toute l’implication familiale)
Et puis il y a les vieux qui ont les mêmes problèmes que toi et avec qui tu peux aussi décharger.
7. Quels soutiens ? prépa, bouquins, sites web et apps, etc. ?
Tu verras quand tu y seras. Apprend d’abord à bien trouver ta méthode de travail et ce qui marche sur toi. Tu peux dépenser des fortunes dans des trucs qui ne te serviront jamais. C’est très lucratif un étudiant en médecine.
Avant de présenter la passerelle, tu peux voir les bases apprises en P1 en physio, un peu d’anat, un peu de biochimie pour te familiariser avec certaines notions et le vocabulaire.
8. Où trouver des annales (j'ai bien trouvé des cours de PACES ici pour me préparer à l'anat notamment et mm si les vidéos ne sont malheuresuement plus visionnable et j'ai acheté des bouquins de P2 en immuno ou sémio pour me faire une idée) ? Si les cours de DFGSM2 me semblent intéressants et que les partiels/annales me semblent faisables, cela constitue-t-il un bon indicateur pour la suite ? ou les suprises à venir ensuite sont ouf et "imprévisibles" ?
L’intérêt est primordial puisque tu vas en manger à tous les repas et tous les jours alors si tu n’aimes pas ça, il vaut mieux stopper là.
Par contre attention, les quantités qu’on va te demander sont impressionnantes. Contrairement aux autres études, on ne te demande pas juste de comprendre, tu dois TOUT savoir.
9. Je m'interdis de présenter la passerelle cette année pour maturer encore le projet un an (c'est une décision trop importante pour me "précipiter" et je veux prouver à ma femme que ça a été murement réfléchi) : comment prendre de l'avance avec un an et demi devant moi?
Reprend les bases de PACES.
10. comment se fait-il que je ne lise pas partout que les infirmiers avec 15 ans de métier n'ait pas un énorme avantage (côté pratique) ou les chercheurs en biologie (côté théorie pure) ?
Le vrai côté pratique arrive très tardivement dans le cursus et médecin et IDE sont deux métiers complémentaires mais différents. Je ne sais pas faire ce que font les IDE (même si j’aime piquer et que je l’ai souvent fait, c’est un tout petit pan de leur activité). Idem pour les chercheurs, la biologie fondamentale c’est également autre chose que la médecine.
Pour être médecin, il faut faire médecine.
11. Si je n'y arrive pas avec cette passerelle ou que je décide finalement d'épargner ça à ma famille, quelle possibilité en cours du soir ? devenir une sorte de médecin de l'essentiel qui connaît les 70% de maladies les plus communes pour les cas les plus simples (pas de co-morbidités, etc.) sans être véritablement médecin ? Une sorte de geek de médecine champion de l'automédication et capable de conseiller sa famille et ses amis dans leurs différents parcours de santé (en // de leurs échanges avec des vrais médecins) ?
Ça n’existe pas. Encore une fois, pour être médecin, il faut faire médecine. Pour le reste attention, l’exercice illégal de la médecine est un délit. Donc soit tu veux devenir médecin et tu fais les études pour, soit tu choisis une autre voie qui s’en approche (dans le soin, il y a plein d’autres métiers avec des études moins longues, pas forcément moins dures).
12. Bcp de témoignages font état d'étudiant qui se plaignent d'avoir dû gérer seul un patient au cours de l'externat parce que les internes/chef étaient sous l'eau et de l'avoir vu mourir puis de s'être fait engueulé...j'avoue que je comprends pas....quelles conséquences pour l'étudiant ? il ne PEUT pas être responsable...si ? de la mm manière que je suis conscient que s'il m'arrive un truc, il se peut que ma prise en charge ne soit pas parfaite et que je crève ou subisse une infirmité qui aurait été évitable dans le meilleur des mondes. je sais simplement que l'on ne vit pas dans le meilleur des mondes ? Je dis ça parce que je l'ai pas encore vécu et je me rends pas compte que ça a une grosse chance de me briser qd je le vivrais en vrai ? Je suis sans coeur et ce métier n'est pas pour moi ?
Jamais vu de tel témoignage. Des témoignages d’internes mal encadrés et laissés seuls oui et c’est pas normal. Il faut le remonter à la fac. Quand c’est le cas, le stage peut être tout simplement fermé (ça arrive). Pendant l’externat, notre rôle est extrêmement limité mais on peut voir des choses choquantes. C’est des études difficiles et un métier difficile, il faut être solide mais ne pas hésiter à parler avec ses chefs, ses potes, les profs, un psy. Idéalement, il faudrait un accompagnement, comme le font les psychologues. Mais les choses bougent, ça peut évoluer dans le bon sens.
Voilà, bon courage pour la suite.