Posté le 17/06/2013 à 18:18 puis édité
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Je suis soulagée, heureuse et fière de pouvoir enfin remplir cette rubrique !
1. Peux-tu te présenter en quelques mots et nous donner un peu ton parcours jusqu’à ton entrée en (école à préciser/dentaire/pharmacie/ vétérinaire) ?
J'ai un parcours un peu atypique : baccalauréat ES, spécialité maths, obtenu en 2005 (je m'étais toujours dit que mon bac me permettrait d'accéder à tout ce que je voulais : c'est le cas !), puis une hypokhâgne B/L (à l'issue de laquelle j'ai refusé de poursuivre en khâgne, élément que j'ai dû repréciser lors de l'entretien et dont je ne sais pas comment il a pu être interprété : pas trop mal, a priori, puisque je suis là !), suivie d'un DEUG de lettres modernes et enfin cinq ans d'études de psychologie pour obtenir cette année, en juin 2013, mon diplôme de psychologue clinicienne.
2. Pourquoi avoir choisi ce cursus à l’époque (et non médecine directement) ?
C'est une histoire compliquée… Je dirais que ça n'était pas possible pour des tas de raisons. J'ai grandi dans une famille de vétérinaires, pharmaciens et médecins et j'ai été beaucoup trop poussée à devenir vétérinaire… C'était insupportable, ça a ravagé mon existence… J'ai fui cela… J'avais déjà pensé à médecine, mais dégoûtée des sciences dures, manque énorme de confiance en moi, questionnements divers (l'âge, le financement, le fait que ça semblait tellement incongru, angoisses vis-à-vis des études, des pathologies, et intérêt pour autre chose)… Bref, ce n'était pas le moment.
3. Quelles ont été les motivations qui t'ont amené(e) à demander cette équivalence ?
Un regret permanent, latent, d'abord discret, de temps en temps, puis de plus en plus important au fil de mes études de psychologie. Je ne pouvais pas vraiment m'occuper des populations qui m'intéressaient le plus — quoique mon diplôme actuel me donne accès à pas mal de choses aussi. Je vais gagner beaucoup, mais je vais aussi perdre…
4. Avais-tu fait un stage à l'hôpital, en cabinet ou lié à la médecine durant ta formation précédente? Si oui, en quoi cela a-t-il influencé ta décision ?
Tous mes stages en tant qu'étudiante en psychologie sont liés à la médecine (psychiatrie ou médecine somatique en pôle femme-enfant). J'en ai fait beaucoup (presque deux fois plus que le nombre d'heures obligatoires qui est déjà élevé, dans ma fac).
Ça m'a permis de voir beaucoup de choses, de voir ce qu'il en était de mon métier actuel (que je n'ai jamais exercé en tant que diplômée, même si j'avais de vraies responsabilités sur mon lieu de stage de cette année, avec mes patients, mes suivis, mes orientations… bref, tout comme si… mais sans être titulaire).
5. Comment as-tu vécu le parcours qui mène à l’autorisation d’entrer directement en P2 ? Galère ou simple formalité ?
Le petit dossier n'est pas compliqué à composer. C'est même tellement ridiculement simple que l'on se demande comment si peu de choses peut suffire pour faire la différence (puisqu'à part le diplôme de M2 ou une attestation comme quoi on sera diplômé(e) avant le 1er octobre, rien n'est exigé — j'avais quand même rajouté la copie de tous mes diplômes / attestations de réussite)…
La lettre de motivation est la clef de voûte de cette candidature. Personnellement, après l'avoir longuement mûri intérieurement, je l'ai rédigée presque de but en blanc la veille de la date butoir, voire le matin même.
Pour le reste… De l'attente, de l'angoisse, beaucoup d'inconnu…
6. Comment les études de médecine s'intégrent-elles à ton précédent cursus? Quelles obligations as-tu encore vis-à-vis de ton école/fac? Ton école a-t-elle essayé de te dissuader de partir en médecine?
Je n'ai aucune obligation vis-à-vis de l'université, si ce n'est celle de terminer mon stage (en juillet).
Médecine est pour moi dans la continuité de mes études actuelles, d'autant que ce qui m'intéresse avant tout est la psychiatrie.
7. Peux-tu nous raconter brièvement comment s’est déroulé l’entretien avec le jury (atmosphère, questions) ? Ton impression à la sortie de la salle ?
Ah, l'entretien… Je n'ai pas ressenti de malveillance de leur part. Et même plutôt de la bienveillance de la plupart des membres de la commission, dont le président du jury en premier lieu qui m'a accueillie par une phrase fort sympathique : comme quoi on avait déjà retenu mon dossier, et qu'il ne me restait plus qu'à terminer de les convaincre.
Quelques grimaces d'un membre m'ont quelque peu déconcertée pendant ma présentation, mais j'ai dû continuer sur ma lancée… perdu pour perdu…
J'ai suivi ce qui était indiqué sur la convocation : parcours & projet, en mettant davantage l'accent sur ce dernier et en bâtissant toute mon argumentation sur la spécialité que je vise (étroitement articulée à mon diplôme actuel). Moi qui parle toujours vite, très vite, voire trop vite, j'ai dépassé le temps imparti (cinq minutes) en prenant le temps de poser mes phrases, mes mots et de… digresser par rapport à ce que j'avais prévu (en rajoutant des informations malgré moi qui m'ont probablement permis de passer, si j'en crois les hochements de tête qu'elles ont reçus). On ne m'a pas interrompu tout de suite (on m'a laissé terminer ma phrase, quoi), mais je n'ai pas eu le droit à d'autres grandes envolées lyriques.
J'ai globalement tâché de tous les regarder, même si je n'ai découvert qu'à la fin qu'il existait des membres du jury à ma droite (à qui j'ai adressé un grand sourire !). J'en ai vu de très attentifs, le fameux qui grimaçait à la droite de M. Bobin, d'autres qui hochaient la tête, et l'un, à ma gauche, dont je ne savais pas bien interprété la moue… (Mon petit côté paranoïaque s'est activé et j'ai pensé : médecin / pas médecin, psychiatre / pas psychiatre ? si ça se trouve, lui aussi il pense que je dis un monceau de conneries… — Celui qui m'a posé la dernière question, d'ailleurs.)
Je n'ai pas eu de questions vraiment piège, même si certaines m'ont fait peur :
– M. Bobin m'a demandé de repréciser mon parcours (il ne comprenait pas trop comment, au vu de mon âge, je ne sois que diplômée d'un M2) ;
– la question du financement (deux fois : le type n'avait prêté attention à la question, ni, manifestement, à la réponse…) ;
– question sur la spécialité : si je n'avais pas la psychiatrie ou la gynécologie-obstétrique, est-ce que j'avais déjà songé à faire médecine générale ? (comment ça, je n'aurai pas la psychiatrie ? mais ce n'est pas bien classé, Madame… — ah, non, ça, il ne faut pas le dire…) ;
– et enfin, en reprenant un de mes propos, un homme m'a demandé si, quand je disais que je n'idéalisais pas la profession de médecin, c'était uniquement suite à mon stage de cette année en hôpital général (maternité, néonatalogie et sénologie).
En sortant, j'étais un peu dans le flou total… Je ne savais même plus si j'avais remercié les membres du jury ou pas, si j'avais bien dit bonjour… J'ai dit au revoir tout à la fin. J'ai même eu peur d'être partie trop vite parce que je ne me rappelais plus si M. Bobin m'avait dit que c'était bon… Bref, le brouillard…
Je n'avais pas le sentiment d'avoir dit de grosses bêtises, j'avais — à mon sens — bien répondu. Mais je dois avouer que la première question de M. Bobin m'a beaucoup paniquée (à cause de mon parcours tortueux). Je les ai sentis globalement bienveillant. Je sentais qu'il y avait des chances, enfin dans les cinq minutes après.
Disons que je n'avais pas le sentiment d'avoir raté mon oral, sur le coup… Mais après… que de doutes…
Mention spéciale à la chaise près du « couloir de la mort » qui me faisait penser à une chaise de puni(e) (celle sur laquelle on s'asseyait quand c'était bientôt à notre tour de passer l'oral).
8. Dans quel état d’esprit t'apprêtes-tu à débuter cette année de P2?
Il est un peu tôt pour le dire… Je n'arrive pas tout à fait à poser les pieds sur le sol… C'est… angoissant, stimulant, beaucoup de travail en perspective.
9. Considères-tu cela comme une expérience qui peut s’arrêter d’une année sur l’autre, si tu n’y trouve pas ton compte en utilisant ton diplôme précédent ou as-tu la ferme intention d’aboutir coûte que coûte ?
Euh… j'ai quand même plutôt l'intention d'aller jusqu'au bout, non ?
10. Sur quels arguments as-tu choisi ta fac?
C'est déjà une des meilleures facs de France !

Et je me disais que, quitte à être recalée, je pouvais au moins demander ce qui représentait pour moi le mieux !
C'est une fac purement scientifique (et symboliquement, ça compte, vu mon parcours) et, puis, je me suis retrouvée à avoir le tout début de mes études juste à côté de l'UPMC (alors que j'étais dans la fac d'à côté).
11. Comment comptes-tu rattraper le premier cycle des études médicales ? As-tu peur de ne pas réussir en médecine en partie à cause de ces lacunes ?
Je compte faire le point avec les matières de P1 que je suis susceptible de retrouver en P2, et refaire un tour sur les notions scientifiques qui pourraient me manquer du lycée. Me reposer aussi — c'est bête, mais on n'apprend ni ne comprend jamais aussi bien que lorsque l'on est en forme !
Sinon, non, je n'ai pas peur de rater. J'ai un parcours suffisamment éclectique qui m'a déjà démontrée que je pouvais m'en sortir brillamment (en tout cas, jusque là).
12. Si la question n’est pas trop indiscrète, peux-tu nous dire comment comptes-tu financer ces années d'études?
A priori, je compte travailler durant les deux prochaines années, à temps partiel, et puis je serai certainement encore soutenue par mon père…
13. Si la question n’est pas trop indiscrète non plus, comment as-tu envisagé de concilier ces études prenantes et ta vie familiale/privée ?
Je suis pour le moment sans enfants, célibataire. Je ne m'inquiète pas pour ça. Et puis j'ai toujours été quelqu'un d'occupé, il faudra m'accepter avec ça… Je ne m'inquiète pas. Les choses se feront comme elles devront se faire.
14. Que comptes-tu faire finalement à la fin de tes études ? Si à l'internat ton classement ne te permet pas d'avoir ces/cette spécialité(s), que fais-tu ?
Idéalement, pour moi, c'est la psychiatrie. Comme curieusement ce n'est pas la spécialité la plus demandée, je pense avoir plutôt de bonnes chances… Ensuite, à charge pour moi de faire en sorte de rendre mon rêve réalisable ! (Au pire, je repasserai les ECN.)
Voilà… Franchement, ce qui fait la différence, je ne sais pas… Je ne comprends toujours pas comment ils ont pu m'admettre, mais bon… Il faut le temps que ça retombe, maintenant…
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Passerelle DFGSM2 2013
DFASM1.
Externe de l'AP-HP.