Posté le 01/07/2008 à 16:55 puis édité
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Salut à tous
Ca fait un bon moment que je n’avais pas mis les pieds sur ce merveilleux forum qui m’a permis de réaliser un beau jour que commencer medecine sur le tard n’était pas chose impossible.
J’ai commencé médecine à 32 ans après une école de commerce et une expérience de 7 ans dans le journalisme et je suis maintenant en D3. Je voulais juste apporter un petit témoignage sur les années post P1.
Quand j’ai sauté le pas il y a 5 ans, je focalisais comme beaucoup d’entre vous sur la P1, sur la dureté du concours, mes capacités à mémoriser toutes ces montagnes de connaisssances, etc.
Mais avec le recul, je peux vous dire sincèrement que la P1 est loin d’être l’étape la plus difficile !
A mon sens, ce qui est le plus difficile à vivre à nos ages canoniques de dinos, c’est bien plus la longueur et l’aridité des 6 ans d’études et l’inorganisation criante de la prise en charge hospitalière des étudiants en médecine.
L’ensemble du cursus est très scolaire, les cours dispensés par les facs sont d’un niveau assez hétérogènes ce qui fait qu’on se retrouve assez vite à bosser seul dans des bouquins parce que c’est finalement plus rentable (même si c’est moins sympa). A l’hôpital, l’encadrement est souvent inexistant et rôle de l’externe est très très infantilisant. En gros, on fait très souvent « secrétaire-coursier » c’est à dire qu’on range les dossiers, qu’on court après les examens complémentaires, qu’on fait les ECG,etc....On fait aussi des observations et on voit bien sûr des malades mais la plupart du temps, personne ne vous encadre ni vous corrige vos erreurs. La « meute » des externes constitue pour les services une main d’œuvre bon marché qu’on traite souvent avec une indifférence quasi totale. Je me suis souvent dit durant certains stages qu’un ébéniste ou qu’un maçon en apprentissage était mille fois mieux formé et mieux encadré qu’un apprenti medecin (et plus payé de surcroit puisqu’il gagne entre 80 et 100% du smic si je me souviens bien). C’est un peu flippant quand on y pense !
Bref, trop souvent on perd son temps. Et on a pas le choix puisque les stages sont obligatoires, qu’on est pas toujours en position pour choisir de bons stages et qu’il est souvent difficile de convaincre sa fac de vous laisser faire certains stages en dehors de votre CHU (même si vous vous êtes cassé le cul tout seul pour les trouver)
Le tableau que je vous dresse est un peu noir évidemment puisque heureusement, on tombe parfois (surtout d’après mon expérience dans les hôpitaux de périphérie hors CHU) sur des médecins géniaux prêts à partager leur savoir si on montre de la motivation (ce qui est normal).
Pour finir, quelques conseils qui n'engagent que moi pour essayer de tirer le maximum de profit de ces longues années d'études
-N’attendez pas de la fac ou de l’hôpital une formation clé en main. Ce n’est pas parce que vous aurez réussi le concours de P1 que vous êtes sur des rails. C’est à vous de vous bouger pour apprendre, dans les bouquins ou ailleurs et pour trouver les gens à l’hôpital qui vous formeront au mieux.
-Si vous n’avez pas à bosser à côté, essayez d’utiliser tout le temps libre que vous aurez en P2 D1 (et on en a beaucoup si on s’organise bien) pour prendre de l’avance sur le programme de l’internat et SURTOUT trouvez un PH sympa ou un service performant qui acceptera de vous former VRAIMENT (surtout à la sémiologie qui est la base de la médecine et qui ne s’apprend pas dans les bouquins)
-Discutez avec des étudiants des années supérieures et essayez de faire le tri dans ce qu’on vous apprend entre ce qui vous servira vraiment pour la suite et le reste. On passe beaucoup trop de temps à bachoter des trucs inutiles en médecine. Un exemple : 12 heures de cours sur la biophysique de l’IRM en D1 au lieu de se concentrer sur « comment interpréter un cliché d’IRM ».. ?
-Si vous en avez les moyens, essayez de faire un stage à l’étranger, ça aère bien la tête et ça permet de prendre du recul.
-Concentrez vous sur la prise en charge des patients, c’est pour ça et seulement pour ça que vous êtes là. Et surtout, c’est ça qui est hyper enrichissant .
-Enfin, appuyez vous sur les gens de votre entourage, c’est très important d’avoir un étayage affectif solide pour affronter toutes ces années. Et puis, faire de la médecine tout le temps, même si c’est archi passionnant et enrichissant, c’est aussi hyper usant ! Il faut savoir se ressourcer ailleurs !
Voilà, désolée si j’apporte une note un peu discordante sur ce forum plein d’enthousiasme mais je sais que lorsque j’ai repris médecine, j’aurais aimé que quelqu’un m’explique un peu la suite des évènements post P1.
Si d’autres dinos plus avancés dans leur cursus comme moi pouvaient apporter leur son de cloche, ce serait super !
Bon courage à tous dans cette longue (et belle) aventure de la medecine.
Et si vous avez des questions, n'hésitez pas
Anne